Hanna TP et coll. : Mortality due to cancer treatment delay: systematic review and meta-analysis. BMJ 2020; 371:m4087. doi.org/10.1136/bmj.m4087.Copyright©http://www.jim.fr
La pandémie de Covid-19 a bouleversé le fonctionnement des systèmes de soins. Au cours de la « première vague », les traitements non urgents ont été reportés. Mais dans de nombreux pays, ces reports ont aussi concerné les traitements du cancer : les interventions chirurgicales ou la radiothérapie ont été repoussées, et l’utilisation des traitements systémiques réduite. Toutefois, le manque de données sur les conséquences des retards imposés aux traitements anti-cancéreux empêche de quantifier très précisément l’impact des mesures de confinement sur les prises en charge et sur le pronostic des cancers.


Plus généralement et en dehors des périodes de pandémie, les systèmes de santé ont développé, dans le cadre des plans anti-cancer, des circuits pour réduire le délai entre le diagnostic de cancer et le début du traitement. Mais, si des travaux montrent une relation entre les retards de prise en charge et la mortalité ou le contrôle local des cancers, il manque encore une estimation précise et standardisée de l’ampleur de ce lien. Dans l’objectif de fournir des données plus précises, une nouvelle méta-analyse internationale a été réalisée. Elle porte sur 34 études, concernant 7 cancers les plus courants (vessie, sein, côlon, rectum, poumon, col de l’utérus et tête et cou) et incluant au total près de 1,3 millions de patients. L’analyse permet de préciser l’impact du retard de prise en charge par la chirurgie, la radiothérapie et les traitements systémiques.


Un délai de prise en charge de 4 semaines augmente le risque de décès
Ce n’est pas une réelle surprise : pour tous les types de traitement, un retard de prise en charge de 4 semaines est associé à une augmentation du risque de décès. Pour la chirurgie, chaque période de 4 semaines de retard augmente de 6 à 8 % le risque de décès. L’impact est encore plus marqué pour certaines indications de radiothérapie ou de chimiothérapie, avec une augmentation du risque de 9 % pour un retard de la radiothérapie curative d’un cancer de la tête et du cou et de 13 % pour celui de la chimiothérapie d’un cancer du côlon.


S’il n’est pas mis en évidence d’effet sur la mortalité d’un retard de mise en route d’une radiothérapie adjuvante pour un cancer du sein, il apparaît en revanche un net effet sur le contrôle local, avec une augmentation de 8 % du risque pour chaque mois de retard. Notons toutefois, toujours dans le cancer du sein, que les retards supérieurs à 20 semaines sont associés à une moins bonne survie spécifique.
Cette analyse précise les conséquences des retards de prise en charge et confirme, si cela était nécessaire, le bien-fondé des mesures visant à raccourcir les délais, contenues dans les plans-cancer, ainsi que les injonctions à ne pas retarder les prises en charge au cours de la Covid-19.
(NDLR : A NE PAS OUBLIER :
– CoViD 19 : 40 000 morts en France à ce jour
– Tabac : 78 000 morts par an
– Cancer : 170 000 morts chaque année
– Maladies cardiovasculaires : 140 000 morts annuels)