« J’avais 34 ans, j’étais mère de 2 enfants de 10 et 5 ans et je vivais avec l’homme le plus merveilleux du monde.
J’avais 34 ans le jour où, sous la douche, j’ai senti un ganglion au niveau des aisselles. Je ne me suis pas inquiétée. Jusqu’au jour où, 6 mois plus tard, j’ai senti un autre ganglion, au-dessus du sein cette fois.
Je suis allée consulter mon médecin traitant qui m’a au départ prescrit des antibiotiques.
Quelques mois plus tard, le ganglion était toujours là, et je le sentais grossir.
J’ai été orientée vers un médecin spécialisé.
Il m’a fait passer des examens, mammographie, IRM, scanner et le diagnostic est tombé.
« Madame, vous avez un cancer métastatique au stade 4 […] » m’a-t-il dit.
A ce moment-là je me suis écroulée… qu’allais-je devenir ? Qu’allaient devenir mes filles ? Mon mari ?
Puis je m’en suis voulu, voulu de ne pas avoir fait de dépistage avant. Mais je n’avais que 34 ans… Et puis c’est le genre de chose où l’on se dit « ça n’arrive qu’aux autres ». Comment aurais-je pu savoir que même à mon âge je pouvais être atteinte de cette saleté ?
S’en sont suivies deux années d’horreur non pas seulement pour moi mais aussi pour ma famille, j’ai essayé de faire au mieux pour mes filles… Mes bébés… A qui je devais faire subir ça alors qu’elles n’avaient rien demandé…. jamais ma fille aînée n’avait demandé à me retrouver à hurler de douleur à cause de la chimio et à vomir par terre dans la salle de bain… Elle avait seulement 11 ans… jamais ma fille de 6 ans n’avait demandé à retrouver des poignées de cheveux dans la maison et à se demander à qui cela pouvait être… jamais mon mari n’avait demandé à devoir m’aider à me laver et à manger parce que je n’en avais plus la force…
Deux années de traitement, deux années de chimiothérapie, deux années de radiothérapie et aujourd’hui ?
Aujourd’hui, 10 ans après l’annonce de la maladie, j’observe. De là où je me trouve, je vois le monde différemment, je vois tout ce qui se passe au quotidien. J’ai vu mes filles grandir et s’épanouir malgré mon absence mais je le sais, je le sens, elles ont toujours cette douleur et cette cicatrice qui saigne au plus profond de leur être. Mon mari ? Il est fort, il fait de son mieux, il essaie de se reconstruire mais ce n’est pas facile….
Aujourd’hui je vois ma famille évoluer de loin, mes filles grandir sans que je puisse les prendre dans mes bras et leur dire que je suis fière d’elles.
Je regrette encore de ne pas m’être informée et faite dépistée… Ça aurait pu être pris en charge dès le départ. . Mais je ne me suis pas inquiétée…
Aujourd’hui je suis seule, à regarder la vie d’en haut et en espérant que mes filles ne commettent pas la même erreur que moi. En espérant que personne ne commette cette même erreur, hommes comme femmes. Personne n’est à l’abri, à n’importe quel âge, n’importe quel sexe.
Alors faites – vous dépister, c’est important ! »
Maman, on pense à toi, on n’oublie pas !