Depuis plus de 20 ans, et malgré des essais cliniques internationaux, les taux de guérison des cancers des enfants et des jeunes ne s’améliorent plus. Les cancers pédiatriques diffèrent de ceux de l’adulte par leur nature, avec une prédominance de leucémies, de sarcomes et de tumeurs cérébrales, mais également par leur biologie. L’optimisation des traitements passe donc par la compréhension de leurs spécificités moléculaires. Pour ce faire, l’utilisation des données –omiques est un enjeu clé. Même s’ils causent 80 000 décès/an à travers le monde, les cancers pédiatriques sont à considérer comme des maladies rares à l’échelle de la recherche. La mutualisation et le partage des données doivent donc être repensés et organisés à l’échelle de l’ensemble de la communauté scientifique, pour booster la recherche.

Dans ce cadre, nous avons initié la création d’un entrepôt national de données multi-omiques en cancérologie pédiatrique, nommé Share4Kids. L’objectif de cet entrepôt est de permettre aux chercheurs et aux cliniciens français de disposer de données moléculaires exhaustives et de qualité pour travailler notamment sur la définition d’une signature de résistance aux traitements, et identifier ainsi de nouvelles cibles thérapeutiques.

Nous avons initié au cours des derniers mois la caractérisation multi-omique de rhabdomyosarcomes et de tumeurs cérébrales, d’enfants, d’adolescents et de jeunes adultes âgés de moins de 25 ans. Ces données génomiques, transcriptomiques, épigénétiques et protéomiques seront utilisées pour comprendre quelles anomalies pré-existent ou apparaissent chez les patients qui ne répondent pas aux traitements, et travailler ainsi sur de nouvelles cibles thérapeutiques. En lien avec les pédiatres de l’IHOPe, nous souhaitons poursuivre cet effort de caractérisation des cancers des enfants et des jeunes, en nous focalisant notamment sur des cancers rares, comme les corticosurrénalomes et les néphroblastomes, de bon pronostic s’ils sont opérables, mais avec une survie extrêmement mauvaise lorsque la chirurgie est impossible.

En pratique, et grâce au soutien de la Ligue de l’Ain, nous analyserons le génome, le méthylome et le transcriptome de couples diagnostic/rechute de tumeurs de patients de mauvais pronostic, et nous les comparerons à des tumeurs de patients « bon répondeurs », grâce à des analyses multi-omiques réalisées par les bioinformaticiens de la plateforme Share4Kids.

Ces données permettront d’améliorer la stratification des patients au moment du diagnostic, et surtout de définir les mécanismes moléculaires impliqués dans la résistance aux traitements, afin de travailler ensuite à l’élaboration de nouvelles stratégies thérapeutiques, indispensables pour améliorer la survie de ces cancers pédiatriques.