En 2018 le Comité de l'Ain de la Ligue a
donné
319.087
euros
(comptes approuvés par la dernière Assemblée
Générale du 15 mai 2019)
pour
financer les Travaux de Recherche
Aides versées au Centre de Recherche en Cancérologie de Lyon Aides versées au
Centre LEON BERARD
Aides versées aux Hospices Civils de Lyon
Aides versées au Centre de Recherche en Cancérologie de Lyon
Gilles FREYER
Olivier GLEHEN
Benoît YOU
Programme ACTION (ovAire Cancer
optimisaTION) Programme
d'optimisation et d'individualisation des
traitements aticancéreux
Gilles FREYER,
Benoît YOU, Olivier GLEHEN, Léa PAYEN, David
DAYDE & coll Université Lyon 1, Lyon-Sud et
Hospices Civils de Lyon
Avec près de 5 000 nouveaux cas en 2018, le
cancer de l'ovaire est la 7ème cause de cancers,
et la
4ème
cause de décès par cancer chez la femme. Durant
son existence, environ une femme sur
soixante-dix développera la maladie. L'incidence
de ce cancer diminue depuis 1990 et cette
tendance s'accentue depuis 2005. L'âge médian de
découverte est de 65 ans. Le cancer de l'ovaire
reste longtemps silencieux, les symptômes
apparaissent progressivement, à mesure que la
tumeur évolue. Cela explique pourquoi le
diagnostic est souvent posé lorsque la maladie
est déjà avancée.
La chirurgie est le traitement de référence du cancer de
l'ovaire. Elle vise à supprimer la totalité de
la tumeur et des cellules cancéreuses qui
pourraient migrer vers les organes voisins. Dans
le traitement du cancer de l'ovaire, la
chimiothérapie est indiquée dans la très grande
majorité des cas, même pour des tumeurs très
localisées, car elle est très efficace et
constitue un complément indispensable à la
chirurgie. Le protocole de chimiothérapie
utilise un ou plusieurs médicaments. Les molécules les plus fréquemment
utilisées sont les sels de platine et les
taxanes. Le protocole de chimiothérapie peut
être prescrit en combinaison avec la chirurgie,
et commencer avant l'opération. Cette
chimiothérapie, dite néo adjuvante, vise à
réduire le volume de la tumeur et à faciliter
l'intervention. Dans la moitié des cas environ,
la chimiothérapie du cancer de l'ovaire est
prescrite en situation adjuvante, c'est-à-dire
après l'opération. Dans certains cas, la
chimiothérapie est diffusée immédiatement après
l'opération, directement dans le ventre de la
patiente. De plus elle est chauffée afin de
maximiser son effet. La chaleur fragilise en
effet les cellules cancéreuses et le traitement
est d'autant plus efficace que la chimiothérapie
est mise directement « au contact » des cellules
cancéreuses, parce les concentrations des
médicaments sont alors plus élevées que lorsque
la chimiothérapie est administrée dans les
veines de la patiente. Cette technique nommée
CHIP (Chimio-Hyperthermie Intra-Péritonéale),
très prometteuse, n'est proposée que dans
certains centres experts disposant de
dispositifs techniques adaptés et de personnel
hautement qualifiés. Enfin, dans les tumeurs de
stade très avancé, la chimiothérapie est
prescrite en dehors de toute chirurgie, afin de
ralentir la croissance du cancer.
Dans l'arsenal de lutte contre le cancer de l'ovaire sont
apparues, depuis une dizaine d'années les
thérapies ciblées. Ces dernières sont des
médicaments capables de viser spécifiquement les
cellules cancéreuses afin de les détruire. Ces
médicaments sont dirigés contre des cibles
moléculaires : récepteurs, gènes ou protéines
impliquées dans les voies de signalisation
cellulaires ou jouant un rôle dans la
transformation des cellules normales en cellules
cancéreuses ou dans le développement des
tumeurs. Par opposition aux médicaments de
chimiothérapie traditionnelle qui s'opposent,
globalement, à la multiplication des cellules,
les médicaments de thérapie ciblée visent les
mécanismes intimes de la cancérisation des
cellules.
Depuis 2011, les médicaments « anti-angiogéniques », sont
arrivés en renfort de la chimiothérapie,
inchangée depuis 15 ans. Ils agissent en
empêchant la tumeur de créer des vaisseaux
capables de lui amener les ressources
nécessaires à sa croissance. Le cancer de
l'ovaire étant une maladie à rechutes multiples,
l'arrivée de nouveaux anti-angiogéniques a
constitué de nouvelles armes pour lutter contre
ces rechutes.
Les médicaments « anti-PARP », agissent en bloquant un système de
réparation de l'ADN. Dans les cancers de
l'ovaire, les cellules cancéreuses se
multiplient avec de nombreuses anomalies de
l'ADN. Mais ces anomalies peuvent être réparées
par des processus biologiques d'origine
génétique et qui fonctionnent par paire :
- la voie du BCRA.
Cependant dans 50 % des cancers de l'ovaire de
haut grade, elle est affectée par des mutations
génétiques.
- la voie dite PARP (processus de secours).
Si le gène BRCA est muté, seule la voie de
réparation PARP est activée. En la bloquant, le
désordre génétique de la cellule cancéreuse est
tel qu'elle n'est plus viable et meurt.
Le pronostic du cancer de l'ovaire a fait de
grands progrès ces dernières années, mais il
reste sévère. Le risque de récidive étant
toujours important, il dépend de plusieurs
facteurs comme le type de tumeur, son grade, son
stade... Le taux de guérison ne dépasse pas 25 à
30 % et, le plus souvent, la maladie se
comporte, au fil du temps, comme une affection
chronique ponctuée de rechutes et de nouvelles
lignes de traitement.
Entre 2002 et 2018, une baisse de 10 % les taux de
mortalité en France a été rapportée dans une
étude récemment publiée. Malgré tous ces
progrès, la survie nette est de 40 % à 5 ans et
de 32 % à 10 ans.
C'est dans ce contexte, qu'a été imaginé le programme
ACTION - ovAire Cancer
optimisaTION (en anglais :
ovArian Cancer Treatment optimisatiON) —
programme d'optimisation et d'individualisation
des traitements anticancéreux.
Pour atteindre l'objectif ambitieux d'améliorer la survie
et la qualité de vie des patientes atteintes
d'un cancer de l'ovaire, l'Institut de
cancérologie des Hospices Civils de Lyon
s'appuie sur l'importante complémentarité de ses
experts. Chirurgiens et oncologues travaillent
de concert avec une plateforme de biologie
uniique en Europe et possèdent une plateforme
transversale dédiée aux essais cliniques. Ils
sont aussi habilités à réaliser des essais de
phase précoce. L'ensemble de ces chercheurs ont
une expertise reconnue internationalement.
La
démarche du programme ACTION repose sur 3 grands
programmes complémentaires de prise en charge
des patientes :
Dans l'étude BOLD (menée dans le cadre du
Groupe GINECO — Investigateur principal : Pr
Gilles Freyer), nous sommes partis du constat
d'échappement des cellules cancéreuses au
traitement lié aux nombreuses mutations que
présentent les cellules. A la manière de la
trithérapie utilisée pour le traitement du VIH,
nous progIosons de tester simultanément 3
médicaments aux effets complémebtaires. Dans
l'essai BOLD (Bevacizumab, OLaparib, et
Durvalumab chez des patientes atteintes d'un
cancer de l'ovaire en rechute), les patientes
reçoivent un traitement par bévacizumab (un
médicament anti-angiogénique dirigé contre les
vaisseaux sanguins créés par la tumeur et pour
son alimentation), un traitement par olaparib
(un médicament anti-PARP bloquant la réparation
de l'ADN des cellules tumorales endommagées)
ainsi qu'un traitement par durvalumab (un
médicament anti-PD1 dont l'efficacité repose sur
la stimulation du système immunitaire et sa
capacité à éliminer les cellules anormales).
L'approche est extrêmement pertinente
puisqu'elle permet de maximiser l'efficacité du
traitement tout en conservant, pour les
patientes, une bonne qualité de vie.
Cette étude est complétée par BOLD-Predict,
un programme ambitieux de compréhension de la
tumeur,de son microenvironnement et de son évolution
sous traitement afin de mieux appréhender les
mécanismes mis en jeu. Ce programme qui comporte
des analyses cellulaires et moléculaires de haut
niveau est rendu possible grâce aux plateformes
dernier cri disponibles aux HCL.
Dans le programme ICONIC(Etude de la
tolérance du nivolumab administré en
intra-péritonéal suite à une chirurgie suivie
d'une CHIP chez des patientes atteintes d'un
cancer avancé de l'ovaire), nous proposons de
compléter le programme thérapeutique des
patientes recevant une CHIP par une
immunothérapie. Cette étude clinique repose sur
une parfaite synergie entre les services de
chirurgie et les services d'oncologie médicale.
Les deux
études BOLD et ICONIC sont deux premières
mondiales.L'étude BOLD est
réalisée au sein du GINECO (Groupe
d'Investigateurs Nationaux pour l'Etude des
Cancers Ovariens).
L'étude NiraPK : Troisième élement du programme :
Dans la cadre du traitement de leur cancer de l'ovaire, les
patientes peuvent recevoir du niraparib (un
médicament anti-PARP bloquant la réparation de
l'ADN des cellules tumorales endommagées), une
thérapie ciblée proposée par voie orale. Le fait
que la thérapie soit administrée par voie orale
est un gain significatif pour la qualité de vie
des patientes. Dans l'étude
NiraPK
(Nlraparib PharmacoKinetics), nous allons
étudier cette problématique. Grâce à une
importante plateforme de dosage présentant une
grande technicité, nous allons quantifier, dans
le sang des patientes, l'évolution du médicament
au cours de leur traitement. En parallèle, nous
àllons suivre l'évolution de leur maladie ainsi
que l'apparition de toxicités. Nous allons
pouvoir synchroniser les données et ainsi
proposer des adaptations de doses individuelles
aux patientes. A l'heure de l'uniformisation de
la dose de traitement des nouvelles molécules
anti-cancéreuses proposée par l'industrie
pharmaceutique, l'étude NIraPK constitue un
atout majeur pour améliorer la qualité de vie
des patientes et contribuer à aller vers une
personnalisation du traitement plus en
adéquation avec la réalité observée en clinique.
Ainsi au travers de son programme ACTION, les
Hospices Civils de Lyon souhaitent réaliser une avancée majeure dans
le taux de survie à 5 ans et à 10 ans des
patientes atteintes d'un cancer de l'ovaire. Le
programme est très ambitieux et il présente un
atout majeur en s'intéressant aux différents
moments de la vie de la
patiente via des axes complémentaires : au
moment de son traitement par une stratégie
innovante de trithérapie, au moment de sa
chirurgie par l'ajout d'une thérapie ciblée
innovante, au moment de
a chimiothérapie orale pour une personnalisation
de cette dernière.
Les équipes impliquées :
L'équipe Innovation thérapeutique en
oncologie, EMR 3738, Université Lyon 1 et HCL
Prs Gilles Freyer et Benoît You, oncologues Dr
Julien Péron, oncologue et biostatisticien Pr
Michel Tod, Pharmaco-modélisateur
L'équipe chirurgicale de référence pour
les maladies péritonéales (centre de référence
national) Lyon-Sud / HCL
Pr Olivier Glehen Dr Naoual Bakrin
Dr Vahan Kepenekian
L'équipe de recherche en biologie
moléculaire, génétique et immunologie HCL / CRCL Pr Léa Payen,
Dr Jonathan Lopez
La plateforme transversale de recherche
des HCL (soutenue par le Comité de l'Ain)
David Dayde Sara Calattini Audrey Gelot
Le Centre d'Innovation Thérapeutique en
Oncologie (CITOHL), labellisé par
l'INCa (CLIP 2) Pr Benoît You
Cécile VERCHERAT
Plateforme de Sigle Cell
Cécile VERCHERAT Centre de Recherche en
Cancérologie de Lyon
Le terme générique de cancer regroupe un ensemble de réalités
physiopathologiques et biologiques très variées.
Au cours des 15 dernières années, la prise en
charge thérapeutiques des cancers a fortement
évolué grâce, notamment, à une meilleure
compréhension de ces disparités. Chaque avancée
majeure dans le traitement des cancers a été
associée à l'innovation et au développement de
technologies de rupture. Les analyses génomiques
des tumeurs, grâce à l'apparition de méthodes de
séquençage haut débit, ont permis de détecter
des anomalies spécifiques aux cellules
cancéreuses analysées. Cela a entraîné des
changements dans la prise en charge des
patients. En effet, il est désormais possible
d'adapter le traitement afin qu'il soit
spécifique du cancer d'un patient permettant ce
que l'on appelle une approche de « médecine
personnalisée ». Cette révolution thérapeutique
permet de cibler les processus dérégulés dans
les cellules cancéreuses d'une tumeur. Les
résultats de cette prise en charge sont très
encourageants, toutefois, les rechutes, dues à
la résistance de certaines cellules cancéreuses
à ces thérapies ciblées, indiquent que l'analyse
génomique de la tumeur comme un ensemble
homogène n'est pas appropriée. Les tumeurs sont
en réalité un ensemble hétérogène de cellules
porteuses d'anomalies génétiques diverses. Lors
du séquençage de l'ensemble des cellules des
tumeurs, certaines anomalies peuvent être
indétectables. L'approche que nous proposons sur
la plateforme
single tell
a pour but d'accéder non plus à une information
génomique globale mais de s'intéresser à chaque
cellule d'une tumeur dans son individualité.
La plateforme
de single cell
propose d'étudier l'évolution (différentiation
et maturation) des cellules cancéreuses et leur
diversité grâce à l'analyse de leurs
caractéristiques moléculaires. La principale
difficulté réside dans la capacité de séparer
les cellules à grande échelle afin d'analyser
des milliers de cellules. La plateforme
de single tell est équipée de deux technologies complémentaires
permettant de traiter des échantillons tumoraux
selon la technique du « dropseq » consistant en
l'obtention de gouttelettes ne contenant qu'une
cellule ensuite analysée grâce aux techniques de
séquençage à haut débit. La première technologie
(Chromium ioX) représente la technologie de
référence au niveau international. Elle pertnet
d'analyser en single tell à haut débit des
échantillons frais de manière robuste et
standardisée. La deuxième technologie (Nadia
Dolomite) offre une plus grande flexibilité
d'innovation grâce aux possibilités de
développer des protocoles sur mesure permettant
d'adresser spécifiquement les questions de
l'étude. La variété du type d'analyses et
d'échantillons analysables est également plus
vaste.
La plateforme
de single tell,
en collaboration avec la
plateforme de
génomique du Centre Léon Bérard et la
plateforme de
Bioinformatique
Gilles Thomas, offre donc aux chercheurs
souhaitant développer des analyses single
tell, les expertises indispensables pour
leurs études allant de l'échantillon tumoral
à l'analyse bioinformatique des « big data »
générées par ce type de technologies
Mathieu GABUT et son équipe
François DUCRAY
Caractérisation des mécanismes de
résistance des cellules souches de
glioblastomes
Mathieu GABUTINSERM François DUCRAY PU-PH Neuro
oncologue, Hospices Civils de Lyon Centre de Recherche
en Cancérologie de Lyon
Contexte
:
La pathologie :
Les
glioblastomes (GBM) sont les tumeurs
cérébrales les plus fréquentes et les
plus graves de l'adulte, et de l'enfant
(gliomes pédiatriques). En France,
environ 3000 nouveaux cas
ont
diagnostiqués tous les ans.Malgré un traitement agressif
associant chirurgie,
radiothérapie et chimiothérapie, la très
grande majorité des tumeurs récidive et
la médiane de survie des patients est de
l'ordre de 15 mois. A la récidive, les
options thérapeutiques sont très
limitées et inefficaces. Il s'agit donc
d'une pathologie pour laquelle il existe
un besoin urgent de nouvelles
thérapeutiques.
Les cellules souches cancéreuses :
Différents travaux ont mis en évidence
l'existence, au sein des GBM, de
cellules tumorales ayant des
caractéristiques particulières : les
cellules souches de glioblastome (CSG).
Par rapport aux cellules cancéreuses
constituant l'essentiel de la masse
tumorale, les CSG sont beaucoup plus
agressives et résistantes à la
radiothérapie et aux chimiothérapies. De
plus, les CSG jouent un rôle majeur dans
la récidive tumorale, quasi-systématique
chez les patients adultes. Ainsi, leur
éradication pourrait permettre
d'augmenter la réponse aux t-aitements.
Néanmoins, les mécanismes moléculaires
qui déterminent les capacités
d'adaptation et de résistance des CSG
restent à préciser afin d'identifier de
nouvelles stratégies
thérapeutiques'efficaces, et il n'existe
pas de marqueur moléculaire fiable de
ces
cellules
à ce jour.
Résumé du projet de recherche :
Depuis 2014, l'équipe codirigée par le
Pr. DUCRAY (clinicien) et le Dr. GABUT
(chercheur), a développé, en
collaboration avec les neurochirurgiens
et les neuropathologistes des HCL, une
dizaine de modèles in vitro de CSG à
partir de tumeurs opérées avant la
récidive. La caractérisation, par
séquençage haut débit, de ces CSG a
permis d'identifier la protéine ELAVL4
et d'établir qu'elle joue un rôle majeur
dans le maintien des caractéristiques
souches des CSG. L'inhibition de cette
protéine pourrait être une stratégie
thérapeutique prometteuse.
En parallèle, afin d'approcher au mieux
ce qui se passe chez les patients, nous
avons mis au point une méthode
permettant de cultiver les CSG en
laboratoire sous la forme de
minitumeurs, appelées tumoroïdes, afin
d'étudier les propriétés d'adaptation et
de résistance aux traitements de ces
cellules en mimant le contexte de la
tumeur en laboratoire.
Nos objectifs sont maintenant : 1-
de développer des traitements dirigés
contre la protéine ELAVL4, et de valider
ces traitements sur nos modèles de
tumoroïdes.
2-
de créer des tumoroïdes à partir de
tumeurs ayant récidivées après échec
thérapeutique afin de mimer le phénomène
de résistance thérapeutique observé dans
les GBM sur les tumoroïdes.
3-
d'analyser les CSG et les tumoroïdes
avant et après traitement de
radio/chimiothérapie par des approches
de séquençage sur cellules uniques en
nous appuyant sur une technologie très
récemment développée au CRCL (qui permet
d'étudier individuellement les
caractéristiques moléculaires de
plusieurs milliers de cellules et
d'identifier différentes populations de
cellules cancéreuses répondant
différemment aux traitements) ainsi que
sur une méthode de vidéo-microscopie à
haut débit développée en collaboration
avec une équipe de physiciens de
l'Institut Lumière Matière (Université
Claude Bernard Lyon 1). Ces approches
nous permettront de mieux comprendre les
mécanismes moléculaires responsables de
la résistance des CSG aux thérapies
actuellement en clinique et d'identifier
de nouveaux axes thérapeutiques.
Enjeux :
En conclusion, nos travaux
permettront d'évaluer le rôle d'un
nouveau processus d'adaptation
cellulaire dans la résistance aux
thérapies ciblées et aux immunothérapies
utilisées pour le traitement du
mélanome. Ce projet permettra de définir
des marqueurs prédictifs de réponse aux
traitements, mais aussi d'identifier de
nouvelles cibles thérapeutiques
permettant de re-sensibiliser les
cellules de mélanome et ainsi d'ouvrir
la voie au développement de nouvelles
approches de combinaisons
thérapeutiques.
Toufic RENNO
Nicolas AZNAR
«Targeting
non-canonical protein functions in cancer» El-52
Nicolas
AZNAR et Toufic RENNO Centre de Recherche
en Cancérologie de Lyon
La
voie des facteurs de croissance, également
connue comme la voie Ras, est fréquemment
mutée et suractivée dans le cancer. Par une
approche inédite, nous avons identifié des
molécules qui inhibent les interactions de
Erk (une des protéines fondamentales de la
voie Ras) avec ses partenaires,
indépendamment de sa fonction enzymatique.
Parmi les différentes molécules identifiées,
EI-52 a été sélectionnée comme candidat
médicament pour ses propriétés biologiques
et physico-chimiques, et est actuellement en
cours de développement pharmaceutique. EI-52
induit la mort des cellules cancéreuses in
vitro et in vivo. De façon remarquable, les
cellules cancéreuses traitées par EI-52
produisent des activateurs de la réponse
immunitaire anti-cancéreuse, ce qui place
EI-52 au coeur de l'immunothérapie. Nous
avons mis en place un modèle de culture
tridimensionnelle (3D) qui nous permettra
d’étudier l’action de notre candidat
médicament sur des cellules souches
cancéreuses, cellules décrites comme
responsables d’une partie des rechutes
observées chez certains patients. Nous
analyserons également l’efficacité de EI-52
en combinaison avec des inhibiteurs de
"point de contrôle immunologiques in vivo,
et nous identifierons les déterminants
moléculaires de la sensibilité des cellules
cancéreuses à la mort induite par EI-52. Ce
projet translationnel a donc pour objectif
de générer une compréhension fine des
mécanismes d’action de EI-52, en vue d'un
premier essai clinique dans le traitement
contre le cancer.
Laurent BARTHOLIN Centre de Recherche
en Cancérologie de Lyon
L’adénocarcinome
pancréatique (ADKP) représente
90% des tumeurs malignes pancréatiques. Il est
la 5ème cause de mortalité par cancer dans les
pays occidentaux. Son incidence est en
augmentation, avec près de 15 000 nouveaux cas
(et autant de décès) chaque année en France. Les
projections épidémiologiques prédisent que
l’ADKP sera la 2ème cause de mortalité par
cancer en Europe et aux Etats-Unis en 2030
(Rahib et al.
2014 ; Ferlay et al. 2016).
L’ADKP est caractérisé par son agressivité, due
principalement à (i) son caractère invasif très
précoce (Rhim et al.
2012)
et (ii) sa résistance aux traitements
conventionnels par chimiothérapie,
radiothérapie, ainsi qu’aux immunothérapies.
Dans plus de 80% des cas, le diagnostic est posé
tardivement (à cause de l’absence de signes
cliniques précoces), à un stade localement
avancé (30%) ou métastatique (50%), non
accessible à la chirurgie, seul traitement
potentiellement curateur. Le taux de survie
globale à 5 ans dans ses formes avancées est
inférieur à 5%. Malgré les progrès récents des
chimiothérapies, la médiane de survie globale à
un an ne dépasse que rarement 12 mois pour les
formes inopérables. Chez les patients
diagnostiqués à un stade précoce et opérés, la
survie globale à 5 ans après chirurgie reste
faible (environ 20-30%), malgré les traitements
en complément de la chirurgie; plus des trois
quarts des patients récidivent dans les 5 ans
suivant la chirurgie et la survie globale
médiane n’est que de 24-28 mois (Neoptolemos et
al. 2017).
A ce pronostic sombre, s’ajoute au cours de la
maladie une diminution de la qualité de vie des
patients puisque plus de 80% des patients
atteints d’ADKP développent une cachexie, un
syndrome dévastateur, irréversible et qui se
caractérise par un amaigrissement et un
affaiblissement significatif des malades.
Le
comité de l’Ain de la Ligue contre le Cancer
soutient depuis plusieurs années les travaux
développés dans notre équipe. Nous travaux
visent à comprendre l’origine de
l’adénocarcinome pancréatique, pourquoi cette
tumeur est si agressive et résistante aux
traitements actuellement disponibles. L’objectif
final de nos travaux est de découvrir chez les
malades des biomarqueurs diagnostiques
(permettant de détecter la maladie le plus tôt
possible), pronostiques (permettant de
déterminer comment va évoluer la maladie) et
prédictifs (permettant de prédire la réponse aux
traitements) mais aussi de tester des
thérapeutiques innovantes.
Notre
équipe s’intéresse tout particulièrement au rôle
du Transforming Growth Factor Beta
(TGFβ) dans
l’adénocarcinome pancréatique. Le TGFβ est une
protéine présente dans le sang mais aussi dans
les tissus de la plupart des organes. Le TGFβ a
de nombreuses fonctions comme permettre à
l’embryon de se développer correctement ou
faciliter la cicatrisation après une blessure.
Le TGFβ est également présent en
abondance dans les tumeurs du pancréas et permet
à ces dernières de se développer plus
rapidement. Il est attendu que les stratégies
visant à inhiber les effets néfastes du TGFβ
s’exercent à différents niveaux tels que
(i)
la plasticité cellulaire, un phénomène par
lequel les cellules cancéreuses changent de
forme afin d’être plus agressives ;
(ii)
la réponse immunitaire, qui est inhibée
par le TGFβ empêchant l’organisme de « se
débarrasser » des cellules cancéreuses,
(iii) la douleur et les métastases (remodelage neural), les
tumeurs du pancréas se caractérisant par la
présence de nombreux nerfs étant cause à la fois
de douleurs et dissémination des cellules
cancéreuses, et,
(iv)
la cachexie, associée à une perte de poids très
rapide. Nous analysons notamment comment la
pratique d’activité physique adaptée peut
diminuer la perte de poids des patients atteints
d’adénocarcinome du pancréas en nous intéressant
tout particulièrement aux effets du TGFβ sur le
muscle. Nous travaillons activement sur ces 4
axes de recherches grâce au soutien de la Ligue
de l’Ain. Tous ces travaux sont menés en
concertation étroite avec des oncologues
médicaux et des gastro-entérologues de l’équipe
mais aussi de la France entière dans le cadre de
collaborations nationales. Nous avons démontré
tout récemment dans un article qui sera publié
dans les semaines à venir que le TGFβ produit
par les nerfs stimulait la migration des
cellules cancéreuses pancréatiques vers ces
derniers, participant ainsi activement à
l’envahissement des nerfs par les cellules
cancéreuses (Roger et al., en révision).
En
conclusion, nos recherches permettront une
meilleure compréhension des mécanismes
responsables de l’adénocarcinome du pancréas et
de son évolution très rapide. Ceci devrait
permettre une détection plus précoce de la
maladie, le développement de nouvelles approches
thérapeutiques à visées curatives, mais
également une amélioration de la qualité de vie
des patients en s’intéressant à des syndromes
associés tels que la douleur ou la perte de
masse musculaire.
Plasticité des cellules
cancéreuses et résistance aux
traitements dans le mélanome
métastatique
Julie CARAMEL, CR INSERM CRCL
Stéphane DALLE, chef du service
d’oncodermatologie de l’Hôpital Lyon Sud
Equipe « Plasticité tumorale dans le
mélanome » Centre de Recherche en
Cancérologie de Lyon (CRCL)
Contexte :
Le mélanome cutané est la forme la plus
agressive de cancer de la peau, dont l’incidence
est en constante augmentation en raison de
l’exposition au soleil. Si la chirurgie est
efficace pour les stades précoces, le pronostic
est très défavorable au stade métastatique, du
fait de l’inefficacité des thérapies
conventionnelles. De manière remarquable, deux
avancées majeures ont révolutionné la prise en
charge du mélanome métastatique ces dernières
années. En effet, 50% des mélanomes présentent
une mutation du gène BRAF, et peuvent être
traités par des thérapies « ciblées ». Si des
résultats spectaculaires sont observés à des
temps courts, les patients rechutent
systématiquement suite à l’émergence de
résistance. En parallèle, de nouveaux
traitements stimulant le système immunitaire des
patients pour l’inciter à tuer les cellules
cancéreuses, ont donné des résultats
impressionnants, y compris sur le long terme.
Cependant, ces immunothérapies ne fonctionnent
encore que chez la moitié des patients et des
résistances peuvent être observées. Il reste
donc nécessaire de comprendre quels patients
peuvent bénéficier de quel traitement et
d’identifier les mécanismes de résistance afin
de développer de nouvelles stratégies de
combinaisons thérapeutiques.
Résumé du projet de recherche :
Les travaux récents de notre équipe suggèrent
que la « plasticité » des cellules cancéreuses,
c’est à dire leur capacité à changer d’état, à
s’adapter en réponse aux traitements, joue un
rôle majeur dans l’émergence de résistance. Nous
avons ainsi pu montrer le rôle majeur de la
plasticité tumorale dans le développement du
mélanome, la génération de cellules souches
cancéreuses et la résistance aux thérapies
ciblées. L’inhibition de la plasticité pourrait
ainsi permettre de resensibliser aux
traitements, les cellules de mélanome devenues
résistantes. Nos résultats préliminaires
suggèrent que cette capacité d’adaptation des
cellules de mélanome pourrait également leur
permettre d’échapper au contrôle par le système
immunitaire. En lien étroit avec le service
d’oncodermatologie du Centre Hospitalier Lyon
Sud, nos projets de recherche, à la fois
fondamentale et translationnelle, visent donc à
mieux caractériser ces mécanismes de plasticité
des cellules de mélanome et leurs conséquences
sur la résistance aux immunothérapies. Nous
étudierons tout d’abord les mécanismes
moléculaires responsables de la plasticité des
cellules de mélanomes et caractériserons
l’hétérogénéité intratumorale en se focalisant
sur la population de cellules souches les plus
agressives. Nous
analyserons ensuite l’impact de la plasticité
des cellules cancéreuses sur l’activation et le
recrutement des cellules du système immunitaire
au sein de la tumeur à la fois dans des modèles
murins et dans des échantillons de mélanomes de
patients traités par immunothérapie. Nous
évaluerons ensuite les conséquences sur la
sensibilité aux traitements.
Enjeux :
En conclusion, nos travaux permettront d’évaluer
le rôle d’un nouveau processus d’adaptation
cellulaire dans la résistance aux thérapies
ciblées et aux immunothérapies utilisées pour le
traitement du mélanome. Ce projet permettra de
définir des marqueurs prédictifs de réponse aux
traitements, mais aussi d’identifier de
nouvelles cibles thérapeutiques permettant de
resensibiliser les cellules de mélanome et ainsi
d’ouvrir la voie au développement de nouvelles
approches de combinaisons thérapeutiques.
Laurent BARTHOLIN Centre de Recherche
en Cancérologie de Lyon
L’adénocarcinome
pancréatique (ADKP)
représente 90% des tumeurs malignes
pancréatiques. Il est la 5ème cause de mortalité
par cancer dans les pays occidentaux. Son
incidence est en augmentation, avec plus de 12
000 nouveaux cas chaque année en France. Les
projections épidémiologiques les plus récentes
prédisent que l’ADKP sera la 2ème cause de
mortalité par cancer en Europe et aux Etats-Unis
en 2030 (Rahib et al.
2014 ; Ferlay et al. 2016).
L’ADKP est caractérisé par son agressivité, due
principalement à (i) son caractère invasif très
précoce (Rhim et al.
2012)
et (ii) sa résistance aux traitements
conventionnels par chimiothérapie,
radiothérapie, ainsi qu’aux immunothérapies.
Dans plus de 80% des cas, le diagnostic est
porté tardivement (à cause de l’absence de
signes cliniques précoces), à un stade
localement avancé (30%) ou métastatique (50%),
non accessible à la chirurgie, seul traitement
potentiellement curateur. Le taux de survie
globale à 5 ans dans ces formes avancées est
inférieur à 5%. Malgré les progrès récents des
chimiothérapies (FOLFIRINOX, associant acide
folinique, 5-fluoro-uracile, irinotécan et
oxaliplatine ; gemcitabine plus nab-paclitaxel),
la médiane de survie globale à un an ne dépasse
pas 12 mois dans les formes métastatiques. Chez
les patients diagnostiqués à un stade précoce et
opérés, la survie globale à 5 ans après
chirurgie reste faible (environ 20-30%), malgré
les traitements adjuvants (gemcitabine,
capécitabine) ; plus des trois quarts des
patients récidivent dans les 5 ans suivant la
chirurgie et la survie globale médiane n’est que
de 24-28 mois dans les études les plus récentes
(Neoptolemos et
al. 2017).
A ce pronostic sombre, s’ajoute au cours de la
maladie une diminution de la qualité de vie des
patients puisque plus de 80% des patients
atteints d’ADKP développent une cachexie, un
syndrome dévastateur et à ce jour irréversible
qui se caractérise par un amaigrissement et un
affaiblissement significatif des malades.
Laurent BARTHOLIN et son équipe
Le
projet soutenu par le comité de l’Ain de la
Ligue contre le Cancer vise à caractériser les
événements précoces de la transformation
tumorale pancréatique et d’identifier les bases
moléculaires responsables de l’extrême
agressivité des tumeurs pancréatiques. Ceci
permettra de proposer non seulement des
thérapeutiques innovantes pour les années à
venir mais également d’identifier des
biomarqueurs pronostiques, diagnostiques et
prédictifs de la réponse aux traitements.
Les
conditions initiales de la transformation
tumorale pancréatique sont mal comprises. On
sait notamment qu’en cas d’agression du
pancréas, induit par exemple par la survenue
d’une pancréatite (une pathologie
inflammatoire), le pancréas devient plus
vulnérable à la transformation. Nous nous
intéresserons tout particulièrement au rôle du
Transforming Growth Factor Beta
(TGFβ) dans l’initiation de la
carcinogenèse pancréatique. En situation
physiologique, le TGFβ a de nombreux rôles au
cours de la vie embryonnaire (dorsalisation de
l’embryon) et de la vie adulte (homéostasie,
cicatrisation).
Le TGFβ est présent en abondance dans les
tumeurs du pancréas ; cela dès les stades les
plus précoces de la transformation tumorale.
Nous
avons récemment démontré un rôle fondamental du
TGFβ dans
le processus d’initiation tumorale et dans la
progression tumorale (Chuvin et al.
2017).
Cette cytokine jouerait un rôle clef dans la
sensibilisation du pancréas aux processus de
cancérogénèse.
Grâce à des approches expérimentales originales
in
vitroet in
vivo, nous tenterons de comprendre d’un
point de vue mécanistique ce phénomène.
L’analyse de la voie du TGFβ fait partie des
approches thérapeutiques innovantes et sera
privilégiée dans nos études pour différentes
raisons. Il est attendu que les stratégies
visant à inhiber les effets délétères du TGFβ
s’exercent à différents niveaux tels que la
(i)
plasticité cellulaire,
(ii)
réponse immunitaire,
(iii)
douleur et métastases (remodelage neural) et
(iv)
cachexie associée au cancer. Par ailleurs, nous
étudierons comment certaines interventions
thérapeutiques, en particulier la pratique
d’activité physique adaptée, peut exercer des
effets anti-sarcopéniant et les implications de
la voie du TGFβ dans la médiation de ces effets.
En
conclusion,
les travaux de recherche que nous proposons
permettront une meilleure compréhension des
mécanismes responsables du cancer du pancréas,
une tumeur très agressive et de très mauvais
pronostique. Ceci permettra une détection plus
précoce de la maladie, le développement de
nouvelles approches thérapeutiques à visées
curatives, mais également visant à améliorer la
qualité de vie des patients en s’intéressant à
des syndromes associés tels que la douleur ou la
perte musculaire.
Adaptation des
cellules cancéreuses et résistance aux
traitements dans le mélanome métastatique
Julie
CARAMEL, CR INSERM Centre de Recherche en
Cancérologie de Lyon (CRCL) Contexte :
Le mélanome malin cutané est une forme agressive
de cancer de la peau provenant des mélanocytes,
des cellules spécialisées pigmentées assurant
une protection contre les rayons ultraviolets.
Le seul traitement efficace est la chirurgie
pratiquée à un stade précoce car au stade
métastatique, les cellules de mélanome
deviennent généralement résistantes à la
radiothérapie et à la chimiothérapie. Cette
évolution est de mauvais pronostic, la survie
médiane d’un patient atteint de mélanome
métastatique étant de 6 mois environ. Environ la
moitié des mélanomes présente une mutation de
« l’oncoprotéine » BRAF, contre laquelle des
traitements pharmacologiques « ciblés » ont été
développés donnant des résultats spectaculaires
chez les patients atteints de mélanomes
métastatiques. Malheureusement, ceux-ci
rechutent systématiquement, suite à l’émergence
de résistance aux traitements, rendant
nécessaire le développement de stratégies de
combinaisons thérapeutiques. De nouveaux
traitements ont par ailleurs visé à stimuler le
système immunitaire des patients pour l’inciter
à tuer les cellules cancéreuses, il s’agit des
immunothérapies. Ces immunothérapies sont
particulièrement efficaces mais ne fonctionnent
que chez la moitié des patients et présentent
d’importants effets secondaires. Les stratégies
de traitement actuellement à l’étude visent
ainsi à combiner les thérapies ciblées et les
immunothérapies.
Résumé du projet de recherche :
Les travaux de notre groupe de recherche (en
lien étroit avec Stéphane Dalle, chef du service
d’onco-dermatologie au Centre Hospitalier Lyon
Sud) portent sur un processus d’adaptation des
cellules cancéreuses lié à l’activation d’un
gène appelé ZEB1. Nous avons pu montrer que ZEB1
joue un rôle majeur dans le développement du
mélanome, la génération de cellules souches et
la résistance aux thérapies ciblées.
L’inhibition de ZEB1 est d’ailleurs capable
d’induire la mort des cellules de mélanome
devenues résistantes aux traitements. Cette
capacité d’adaptation des cellules de mélanome
pourrait également leur permettre d’échapper au
contrôle par le système immunitaire en changeant
de profil. Nous proposons donc d’étudier
l’impact de l’expression de ZEB1 par les
cellules cancéreuses sur l’activation et le
recrutement des cellules du système immunitaire
au sein de la tumeur dans des modèles murins.
Nous évaluerons ensuite l’influence de ZEB1 sur
la sensibilité aux traitements combinant
thérapies ciblées et immunothérapie. Pour cela,
nous étudierons l’impact de chacun des
traitements sur les cellules de mélanome afin de
déterminer les conditions optimales pour
favoriser la reconnaissance de ces cellules par
le système immunitaire. Enfin, cette étude sera
complétée par l’analyse d’échantillons issus de
patients atteints de mélanomes traités par
immunothérapie au Centre Hospitalier Lyon-Sud.
Enjeux :
En conclusion, cette étude permettra d’évaluer
le rôle d’un nouveau processus d’adaptation
cellulaire dans la résistance aux thérapies
ciblées et aux immunothérapies utilisées pour le
traitement du mélanome. Ce projet permettra de
définir le potentiel de ZEB1 comme marqueur
prédictif de réponse aux traitements, mais aussi
comme cible thérapeutique permettant de
resensibiliser les cellules de mélanome aux
thérapies ciblées et immunothérapies. A plus
long terme, en testant plusieurs séquences de
traitements chez la souris, nos travaux
permettront d’évaluer quelle est la stratégie la
plus adéquate pour traiter les patients, tout en
minimisant les effets secondaires.
Dysfonctionnements moléculaires à
l’origine de l’apparition de rhabdomyosarcomes
chez l'enfant (Mars 2016)
Marie CASTETS
Centre de Recherche en
Cancérologie de Lyon
L’objectif de notre projet
est de mieux comprendre les dysfonctionnements
moléculaires à l’origine de l’apparition de
rhabdomyosarcomes, des tumeurs d’origine
musculaire survenant majoritairement chez
l’enfant. Nous étudions en particulier les
mécanismes permettant aux cellules tumorales de
résister à la mort et de survivre de manière
anormale.
Grâce au soutien de la
Ligue de l’Ain, notre jeune équipe a avancé sur
3 axes au cours de l’année 2015 :
ØL’inventaire et
la collecte de 83 échantillons de
rhabdomyosarcomes pédiatriques en collaboration
avec les équipes cliniques de l’Institut
d’Hématologie et d’Oncologie Pédiatrique et des
Hospices Civils de Lyon, ce qui constitue un
atout important dans la compréhension de ce
cancer rare, 5 à 6 cas étant adressé en moyenne
pour traitement chaque année à Lyon.Cette cohorte va être incluse au premier
semestre 2016 dans une analyse dite de
« séquençage ARN », qui permettra d’établir une
carte d’identité moléculaire de chaque tumeur.
Par recoupement des résultats obtenus, les
altérations communes potentiellement impliquées
dans la transformation des cellules normales en
cellules tumorales seront ensuite recherchées.Nous déterminerons ensuite l’impact de
chacune de ces anomalies à l’aide de modèles
cellulaires.
ØL’analyse dans
des cellules tumorales de rhabdomyosarcomes du
rôle d’un gène impliqué à la fois dans la mort
cellulaire et la fourniture d’énergie à la
cellule.Nous avions identifié ce gène comme étant
potentiellement impliqué dans la survenue de ces
cancers sur la base d’arguments
bibliographiques. Nous avons montré que ce gène
n’est pas exprimé en quantité normale dans des
tumeurs pédiatriques et que l’on pouvait
affecter la survie des cellules tumorales en
modulant son expression dans des modèles
cellulaires disponibles au laboratoire. Nous
allons poursuivre ces travaux afin de mieux
comprendre le rôle joué par ce gène dans la
tumorigenèse et de déterminer ainsi sa valeur en
tant que cible thérapeutique.
ØLa mise en place
d’une cartographie de l’état des voies de
signalisation contrôlant la survie et la mort
cellulaire en collaboration avec le Centre à
l’Energie Atomique de Grenoble. L’objectif est
d’identifier des cibles, permettant d’induire la
mort des cellules tumorales et de les
sensibiliser aux chimiothérapies actuelles, de
manière à diminuer les phénomènes de résistance.
Les modèles nécessaires à la réalisation de
cette étude sont en cours de finalisation et la
cartographie pourra débuter dans les 3 prochains
mois.
L’étude ProfiLER vise à
établir le profil génétique de la tumeur de 2000
patients de tous âges (y compris mineurs) et
atteints de tous types de tumeurs à un stade
avancé et à leur proposer, si possible, un
traitement plus approprié en fonction des
anomalies détectées. A ce jour,
2027
patients ont été inclus depuis le lancement de
l’étude au Centre Léon Bérard en mars 2013 et le
profil génétique de la tumeur a déjà été réalisé
pour
1388 patients. Afin de pouvoir atteindre
l’objectif fixé de 2000 profils génétiques, la
période d’inclusion a été étendue de 18 mois
(i.e fin des inclusions, juillet 2017). L’étude
est ouverte au Centre Léon Bérard et aux
Hospices Civils de Lyon (Lyon Sud). L’ouverture
de 3 nouveaux centres (Centre Daniel Hollard -
Gernoble ; Centre Jean Perrin – Clermont
Ferrand ; Institut de Cancérologie Lucien
Neuwirth – St Priest en Jarez) est prévue
courant février 2016.
Les premiers
résultats de l’étude ont fait l’objet d’un
poster présenté lors du congrès international de
l’ASCO 2014 en avril dernier [Cassier P. et al.
Identifying actionable targets in advanced
cancer patients: Preliminary results from the
ProfiLER program. J Clin Oncol
32:5s, 2014 (suppl; abstr 2621)].
L’essai clinique de
phase 2 appelé MOST (My Own Specific Treatment :
Mon traitement spécifique et personnalisé)
s’inscrit dans la continuité de l’étude ProfiLER
et s’adresse aux patients adultes atteints de
cancers de tous types à un stade avancé et en
progression après l’échec d’un premier
traitement, chez qui une anomalie moléculaire
ciblée par l’une des 5 thérapies ciblées
disponibles dans l’essai a été détectée.
L’objectif principal de MOST est de déterminer
si un traitement de 3 mois par une thérapie
ciblant spécifiquement une anomalie moléculaire
identifiée dans la tumeur du patient permet de
contrôler l’évolution du cancer voire
d'augmenter l’espérance de vie, ou si un
traitement plus long est nécessaire. À l'issue
des 3 premiers mois de traitement, les patients
dont la maladie continue à progresser seront
orientés vers des traitements standards, alors
que les patients pour lesquels la maladie s'est
stabilisée seront répartis de manière aléatoire
en 2 groupes: un groupe continuera le traitement
par thérapie ciblée et l’autre l’arrêtera, afin
d'évaluer l'intérêt d'un traitement de plus
longue durée.
L’essai est
actuellement ouvert dans 6 centres français
(Centre Léon Bérard à Lyon, Institut Curie à
Paris, Institut Bergonié à Bordeaux, Hospices
Civils de Lyon, Institut Paoli Calmettes à
Marseille et l’Institut Claudius Regaud à
Toulouse) et ouvrira prochainement au Centre
Daniel Hollard à Gernoble, au Centre Jean Perrin
à Clermont Ferrand et à Institut de Cancérologie
Lucien Neuwirth à St Priest en Jarez.
A ce jour,
195
patients ont reçu l’un des traitements de
l’étude depuis son lancement en mars 2014 dont
67 patients pour la cohorte Everolimus (avec 12
patients en maladie stable à 3 mois donc
randomisés), 107 patients pour la cohorte
Sorafenib (avec 22 randomisations), 13 patients
pour la cohorte Lapatinib, 4 patients pour
chacune des cohortes Nilotinib et Pazopanib.
Pour les cohortes Sorafenib et Everolimus, la
survie sans progression à 3 mois est d’environ
30% tandis que la cohorte Lapatinib a dû fermer
récemment pour futilité (règle d’arrêt prévu au
protocole pour 7 patients en progression sur 10
inclus et ce dans les 3 premiers mois de
traitement). Dans le cas de la cohorte
Sorafenib, des données préliminaires montrent
que le Sorafenib ne montre pas de bénéfice
clinique chez les patients porteurs de la
mutation KRAS ayant un cancer colorectal (75% de
Progression, 7% de Décès, 7% de toxicité). Pour
les cohortes Nilotinib et Pazopanib, le taux
d’inclusion est trop bas pour apporter des
données préliminaires. Au vu de ces résultats
préliminaires, il sera nécessaire d’inclure plus
de patients que les 400 prévus initialement pour
atteindre les objectifs de randomisation
permettant d'évaluer l'intérêt d'un traitement
de plus longue durée (50 patients
randomisés/cohorte). D’autre part, comme cela
est prévu au protocole, de nouvelles thérapies
devraient enrichir les cohortes de l’étude MOST
courant 2016, les modalités sont en cours de
finalisation avec une compagnie pharmaceutique.
Le comité de surveillance
s’est réuni le 26 mai 2015 pour examiner les
données de tolérance et d’efficacité sur les 31
premiers patients inclus dans la cohorte
Sorafenib et les 23 premiers patients inclus
dans la cohorte Everolimus, ce dernier a
recommandé la poursuite de l’essai sans
amendement. Le prochain comité de surveillance
est prévu en juillet 2016 afin de valider de
nouveau la poursuite de l’essai clinique au vu
des derniers résultats. Un comité de pilotage
s’est réuni le 5 octobre 2015 afin de discuter
de 3 points : l’arrêt de la cohorte Lapatinib
qui avait atteint la règle d’arrêt pour futilité
prévu au protocole, l’arrêt des inclusions dans
la cohorte Sorafenib des patients porteurs d’une
mutation KRAS ayantun cancer colorectal et comment mieux
encadrer les inclusions au regard du profil
moléculaire des patients. Ce dernier a fermé la
cohorte Lapatinib aux inclusions pour futilité,
a recommandé l’arrêt des inclusions des cancers
colorectaux mutés KRAS et a décidé une revue du
profil moléculaire des patients par le Comité de
pilotage avant l’inclusion.
Afin de présenter l’étude à la communauté
scientifique et médicale internationale, l’essai
MOST a fait l’objet d’une présentation sous
forme de poster au Congrès ASCO 2015 à Chicago
[Toulmonde M.,
et al.
A
randomized, open-label, Phase II trial
evaluating the clinical benefit of a maintenance
treatment targeting tumor molecular alterations
in patients with advanced solid tumors.
J Clin
Oncol 33, 2015 (suppl; abstr TPS2622)].
Cette étude a également fait l’objet d’une
présentation orale « LATE BREAKING ABSTRACT:
MOST - My Own Specific Therapy - A multicenter,
randomized, open-label, phase II trial
evaluating the clinical benefit of a maintenance
treatment targeting tumor molecular alterations
in patients with advanced solid tumors:
preliminary results from the everolimus and
sorafenib cohorts» au Congrès de l’ESMO 2015 à
Vienne.
Etat d’avancement de l’essai EVESOR
L’essai
clinique de phase 1 EVESOR vise à définir les
meilleures doses et les meilleurs schémas
d’administration de l’association everolimus +
sorafenib. Nous rappelons qu’il s’agit d’un
essai novateur et complexe de par son design et
son objectif. En effet l’investigation de
plusieurs doses et schémas d’administration de
chacun des deux médicaments permettra de définir
au moyen de la modélisation mathématique les
doses et schémas d’administration optimaux
permettant de maximiser le rapport
bénéfice/toxicité, et donc d’améliorer très
nettement l’efficacité et la tolérance de ce
traitement.
Grâce à l’aide
de la Ligue contre le cancer, l’essai a pu
ouvrir au Centre Hospitalier Lyon Sud en mai
2013 et au Centre Léon Bérard en février 2014.
28 patients ont été inclus dans l’essai à ce
jour. Il s’agissait de patients atteints de
différents types de cancers métastatiques :
cancer du sein, cancer du côlon -rectum, cancer
du pancréas, cholangiocarcinome, cancer de
l’ovaire, cancer du col….
Les
constatations sont les suivantes : parmi les
patients dont l’efficacité a pu être évaluée,
88% ont eu une stabilisation ou une réduction de
taille tumorale. Six patients (22%) ont pu être
traités pendant plus de 6 mois, dont un patient
toujours en cours de thérapie dans EVESOR 19
mois après son inclusion. Une efficacité
particulière a été notée chez des patients
atteints de cholangiocarcinome, un cancer très
agressif, avec 100% de stabilisation ou
réduction de taille tumorale. La tolérance
semble meilleure en cas de traitement
intermittent comparativement aux traitements
continus, sans interférer avec l’efficacité. Il
est encore trop tôt pour utiliser la
modélisation mathématique en vue de définir le
meilleur schéma d’administration. Mais ces
résultats donnent des perspectives intéressantes
tant sur le plan scientifique que sur le plan
humain. L’analyse en modélisation et simulation
devrait débuter d’ici 1 an.
Une étudiante en thèse de
sciences travaille sur cet essai (Mévidette El
Madani). La méthodologie de l’essai, avec les
résultats attendus, a été publiée dans un
journal scientifique international
Future
Oncology en 2015 (1). Il est prévu de
présenter une analyse intermédiaire des
résultats de l’essai EVESOR lors du congrès
international de l’ASCO en juin 2016, puis de la
publier dans un journal médical. Le comité de
surveillance de l’essai clinique se réunira au
mois de janvier 2016 pour valider la poursuite
de l’essai clinique au vu des premiers résultats
satisfaisants. Etant donné que la tolérance
semble acceptable et que le bénéfice clinique
semble au rendez-vous, il n’y a aucun doute que
l’essai se poursuivra jusqu’à son terme, avec
l’aide de la Ligue contre le cancer.
(1)
El-Madani M1, Hénin E, Lefort T, Tod M, Freyer
G, Cassier P, Valette PJ, Rodriguez-Lafrasse C,
Berger F, Guitton J, Lachuer J, Slimane K,
Barrois C, You B. Multiparameter Phase I trials:
a tool for model-based development of targeted
agent combinations--example of EVESOR trial.
Future
Oncol. 2015;11(10):1511-8.
En
conclusion, le soutien apporté par le Comité de
l’Ain de la Ligue Nationale contre le Cancer a
contribué de façon importante au développement
des programmes MOST, PROFILER et AVESOR sur les
sites du Centre Léon Bérard et du Centre
Hospitalier Lyon Sud. Ces essais sont de plus
associés à des travaux de recherche fondamentale
visant à caractériser l’impact de la plasticité
cellulaire sur l’hétérogénéité intra-tumorale et
la réponse aux thérapeutiques ciblées, au sein
de l’équipe « EMT et plasticité cellulaire »,
Centre de Recherche en Cancérologie de Lyon,
UMR INSERM 1052 / CNRS 5286.
Apoptose,
Rhabdomyosarcomes et Dystrophies musculaires
Marie
CASTETS
: CRCL
Centre de Recherche en Cancérologie de Lyon
(décembre 2014)
"Jeune Equipe Indépendante" Projet de
recherche en pédiatrie
Résumé Scientifique –
Projet : « Apoptose, Rhabdomyosarcomes et
Dystrophies musculaires: d’une cartographie
des voies apoptotiques dérégulées au
développement de nouvelles stratégies
thérapeutiques. »
La résistance à la mort est l’une des
caractéristiques acquises par les cellules au
cours de l’échappement tumoral. L’apoptose est
l’une des trois principales formes de mort
cellulaire programmée, par laquelle une cellule
surnuméraire, ectopique ou anormale déclenche sa
propre élimination. Le blocage des voies de
signalisation apoptotiques a été impliqué de
manière causale dans de nombreux cancers.
L’objectif de notre équipe est de caractériser
le rôle d’altérations de l’apoptose dans la
survenue d’un cancer du lignage musculaire, le
rhabdomyosarcome (RMS).
Le rhabdomyosarcome (RMS) constitue la
forme la plus fréquente de cancers
pédiatriques des tissus mous, représentant
environ 5% des tumeurs pédiatriques pour une
incidence globale de 4 enfants/million. Le
traitement de base associe généralement une
chimiothérapie intensive et une chirurgie
secondaire, le plus souvent en combinaison avec
des séances de radiothérapie. En fonction
notamment de la localisation de la tumeur, le
taux de survie est compris entre 60 et 80% pour
les patients présentant des tumeurs localisées.
Le pronostic est toutefois compliqué par le fait
que les tumeurs réapparaissent fréquemment
localement, s’étendent aux ganglions avoisinants
ou donnent même naissance à des métastases. Or,
la survie à long terme des patients en rechute à
l’issue de la première ligne de traitement est
inférieure à 20%.
Le rôle d’un blocage de l’apoptose dans
la survenue de RMS est mal défini, même si ce
dysfonctionnement est supposé jouer un rôle dans
les phénomènes de résistance à certaines
thérapies conventionnelles. Le premier axe de
notre projet consiste à établir une
cartographie globale des voies apoptotiques
dérégulées dans les RMS, au travers d’une
approche comparative avec des dystrophies
musculaires. Les dystrophies musculaires
regroupent un ensemble de pathologies
caractérisées par une dégénérescence musculaire
progressive résultant d’un excès de mort
cellulaire. Or, les cellules tumorales de RMS
présentent des homologies fortes avec celles du
lignage musculaire. De plus, la notion d’une
communauté des mécanismes pathologiques à
l’origine des maladies dégénératives et des
cancers a récemment émergé ; il a notamment été
montré que l’altération du profil d’expression
de la Dystrophine, dont les mutations sont à
l’origine de la dystrophie de Duchenne-Becker,
joue un rôle dans la tumorigenèse de cancers
myogéniques dont les RMS. L’approche comparative
que nous développons a donc pour objectif de
mieux cerner les altérations effectivement
impliquées dans l’étiologie des RMS, et de
définir les cibles présentant le meilleur ratio
risque/bénéfice dans une perspective
thérapeutique.
Le deuxième axe de notre projet consiste à
vérifier l’implication causale, dans la survenue
de RMS, des altérations identifiées dans le
cadre du premier axe, in vitro et in vivo à
l’aide de modèles de poisson-zèbre. En outre, la
pertinence d’approches thérapeutiques
basées sur la restauration de la balance
apoptose/survie, par restauration des
altérations ou induction des voies apoptotiques
fonctionnelles, est évaluée in vitro et in vivo
chez le poisson-zèbre.
Dans son ensemble, ce projet permettra de mieux comprendre les
mécanismes pathogéniques à l’origine des RMS et
d’identifier, au travers d’une approche
comparative avec les dystrophies, des cibles
thérapeutiques potentielles. Il devrait
permettre d’établir la preuve de concept de
l’efficacité de thérapies basées sur le
rééquilibrage de la balance survie/mort
cellulaire.
Inflammasome
et cancer du poumon
Virginie
PETRILLI
CRLCC Léon Bérard
Centre de Recherche en Cancérologie de Lyon
(février 2014)
Contexte de la
recherche
L’inflammasome est un
complexe moléculaire de l’immunité innée
découvert en 2002. Ce complexe régule la
production de 2 cytokines pro-inflammatoires :
l’interleukine-1beta (IL-1b) et l’IL-18. Depuis
sa découverte, il s’est révélé être un acteur
majeur de l’immunité innée et de la réponse
inflammatoire, en reconnaissant divers
pathogènes et signaux de dangers. Une
hyperactivation de ce complexe donne lieu à de
nombreuses pathologies inflammatoires telles que
des fièvres périodiques appelées
cryopyrinopathies, des crises de goutte ou des
pathologies pulmonaires inflammatoires. Par
exemple, l’inflammasome, en détectant l’amiante,
peut induire une inflammation pulmonaire
également appelée asbestose. Bien que de
nombreux travaux aient montré une composante
inflammatoire locale soutenant la croissance
tumorale, peu d’études se sont intéressées à
étudier le rôle de l’inflammasome dans le
processus tumoral. Pourtant des éléments
indiquent qu’il pourrait être un acteur clé de
cette pathologie. D’un côté l’IL-1b a été
montrée comme ayant des propriétés
pro-tumorales, de l’autre une étude récente
montre que l’inflammasome a une fonction
protectrice dans le développement de cancer du
colon, via l’induction de la sécrétion de la
cytokine IL-18. Enfin, il vient d’être proposé
que l’inflammasome pourrait jouer un rôle
anti-tumoral en induisant un mécanisme de
sauvegarde cellulaire appelé sénescence. Par
ailleurs le gène NLRP3 codant pour une protéine
du complexe de l’inflammasome a été récemment
identifié dans une étude d’analyse génomique à
grande échelle comme potentiellement oncogénique
dans plusieurs cancers dont celui du cancer
bronchique non à petites cellules (CBNPC). Etant
donné le rôle de l’inflammasome NLRP3 dans
l’inflammation pulmonaire et la littérature
récente, l’équipe a émis l’hypothèse que ce
complexe puisse jouer un rôle crucial dans le
CBNPC.
Résumé
de la recherche L’expression de l’inflammasome
NLRP3 dans les cellules myéloïdes est bien
documentée mais peu de choses sont connues sur
son expression dans les cellules épithéliales
pulmonaires. Nous avons décidé d’étudier
l’expression de l’inflammasome dans des lignées
humaines immortalisées d’épithélium
bronchioalvéolaire (HBEC) et tumorales issues de
CBNPC. Nous montrons que l’expression de NLRP3
est perdue dans les lignées de CBNPC testées.
Ces résultats seront étendus à un large nombre
d’échantillons de poumons sains et CBNPC obtenus
auprès du CRB de Grenoble. Nous étudierons dans
nos lignées cellulaires les voies conduisant à
l’expression de NLRP3 en situation
physiologique, sa fonction ainsi que les
mécanismes responsables de la perte d’expression
de NLRP3 au cours de la transformation. Afin
d’élucider le rôle de NLRP3 dans la progression
tumorale pulmonaire, nous analyserons l’effet de
sa réexpression dans les lignées de CBNPC.
Enjeux
L’inflammasome n’ayant été
découvert que récemment, très peu d’études se
sont intéressées à ses fonctions dans le
contexte du cancer. Nos premiers résultats
suggèrent un rôle majeur et inattendu pour NLRP3
dans le CBNPC. Nous espérons que notre projet
révélera de nouvelles fonctions pour
l’inflammasome dans le processus tumoral du
CBNPC et de ce fait les connaissances générées
seront utiles aux communautés scientifique et
médicale pour envisager de nouvelles approches
thérapeutiques.
Programme
Canopée
Le Projet
Lyonnais de Traitement Personnalisé en
cancérologie
CRLCC Léon Bérard – CHU de Lyon
Centre de Recherche en Cancérologie de Lyon
LYRIC, CLIP2
Pr Jean-Yves BLAY
Pr Alain PUISIEUX
Pr Gilles FREYER
Au cours des vingt dernières années, le
développement de la biologie moléculaire a
conduit à des progrès considérables dans la
connaissance des mécanismes de cancérogenèse.
Ouvrant la voie à de nombreuses recherches à
visée thérapeutique, ces acquis ont aussi révélé
l’immense complexité des cellules tumorales. Les
cancers sont en effet des pathologies
multi-factorielles, mais aussi très hétérogènes,
d’une tumeur à l’autre, d’un individu à l’autre
et même d’une cellule à l’autre au sein de la
même tumeur. Ces pathologies naissent de
l’accumulation progressive d’anomalies du code
génétique et de sa régulation, donnant naissance
à des cellules dont la programmation biologique
échappe au contrôle de l’organisme.
C’est principalement
l’identification de récepteurs membranaires et
de voies de propagation de signaux cellulaires
impliqués dans le fonctionnement anarchique des
cellules cancéreuses, qui a conduit à la mise au
point de médicaments dits « ciblés »,
c’est-à-dire conçus pour agir, de manière
sélective, sur différentes familles de
récepteurs et, à l’intérieur même de la cellule,
sur les voies de signalisation. Pour certains
d’entre eux, on peut identifier sur les cellules
tumorales la présence anormalement importante de
tel ou tel récepteur et ainsi prédire
l’efficacité de la molécule conçue pour agir à
ce niveau. D’autres thérapeutiques ciblées
agissent sur l’environnement cellulaire et,
notamment, permettent l’inhibition de l’angiogenèse.
De nombreux modèles tumoraux ont bénéficié de
ces avancées thérapeutiques, permettant
d’améliorer la survie des patients mais
également leur qualité de vie, au prix de
traitements moins toxiques que les
chimiothérapies, souvent administrés en
ambulatoire, voire sous forme orale. Par
ailleurs, certaines de ces thérapeutiques
peuvent être associées à des chimiothérapies
dont elles augmentent l’efficacité.
Le développement de ces
thérapeutiques ciblées conduit à l’évolution du
concept de « médecine personnalisée » en
cancérologie, dont l’objectif est de proposer, à
un patient donné, en fonction des
caractéristiques de sa tumeur, le traitement
offrant la plus grande efficacité au prix de
toxicités les plus réduites possible. Malgré une
efficacité remarquable dans certains types de
cancers, les réponses complètes suite au
traitement par thérapeutiques ciblées restent
cependant en nombre limité et l’émergence des
résistances est la règle à plus ou moins brève
échéance. Des observations récentes suggèrent
que cette limite est liée à l’hétérogénéité
intra-tumorale qui semble caractériser la
majorité des tumeurs malignes. En effet, bien
que d’origine monoclonale, les tumeurs évoluent
par des processus successifs d’expansions
clonales, ceci étant à l’origine d’une
hétérogénéité tant au sein de la lésion primaire
qu’au niveau des métastases qui en dérivent.
Cette hétérogénéité reste peu caractérisée et
n’est pas encore prise en compte dans la prise
en charge thérapeutique des patients atteints de
cancers. Cette hétérogénéité peut de plus être
complexifiée par des mécanismes d’origine non
génétique à l’origine de l’émergence de
populations de cellules cancéreuses présentant
un fort potentiel de malignité : les cellules
souches cancéreuses. Le programme Canopée, qui
regroupent les services cliniques du Centre Léon
Bérard (Département de Médecine du Centre Léon
Bérard (Dir. Pr Jean-Yves Blay) et du Centre
Hospitalier Lyon-sud (Centre d’Investigation des
Thérapeutiques en Oncologie et Hématologie de
Lyon ; Pr Gilles Freyer) et le Centre de
Recherche en Cancérologie de Lyon (Pr Alain
Puisieux), a pour objectifs d’optimiser la prise
en charge des patients atteints de cancers par
thérapeutiques ciblées au travers d’un mode
d’organisation en réseau de la recherche
clinique à la recherche biologique. Il s’appuie
sur trois programmes principaux :
1. Adaptation du traitement
sur la base de l’identification des
mutations causales: Essai clinique MOST
(Acronyme anglais pour Mon traitement
Personnalisé).
Essai clinique de phase II destiné à évaluer
l’efficacité d’un traitement ciblé guidé sur la
présence d’une anomalie moléculaire dans le
génome de la cellule tumorale du patient, et
l’intérêt d’un traitement d’entretien dans ce
contexte
2. Analyse de
l’hétérogénéité intra-tumorale et identification
des mécanismes de résistance aux thérapeutiques
ciblées
3. Contournement des
résistances aux thérapeutiques ciblées : Essais
cliniques EVESOR et AKATHER
Essais cliniques de phase I
pour optimiser les doses et évaluer la tolérance
d’associations de thérapeutiques ciblées dans le
traitement des cancers solides avancés
Laurent
BARTHOLIN Centre Léon Bérard Lyon
(janvier 2013)
Etat d'avancement des travaux : Les
travaux de recherche réalisés au sein de notre
équipe ont pour objectif de mieux comprendre
l’adénocarcinome du pancréas, une tumeur
agressive résistante à tous les traitements
actuellement disponibles. Cette tumeur
représente la 5ème cause de mortalité par cancer
(plus de 8000 décès chaque année en France,
source GLOBOCAN, http://globocan.iarc.fr/). Le
cancer du pancréas constitue donc un véritable
enjeu de santé publique, son incidence
augmentant régulièrement avec l’allongement de
l’espérance de vie. Il est donc crucial de
pouvoir proposer des traitements plus efficaces.
Dans l’équipe, nous nous intéressons plus
particulièrement au TGFb
(Transforming Growth Factor Beta), une protéine
dont la concentration est anormalement élevée
dans les tumeurs du pancréas, favorisant ainsi
leur croissance et leur agressivité. Le TGFβ
constitue donc une cible thérapeutique
potentielle pour les années à venir. Le soutien
financier du comité de l’Ain de la Ligue contre
le Cancer au cours de ces trois dernières années
a contribué à développer l’ensemble de nos
travaux visant à mieux comprendre les mécanismes
par lesquels le TGFb
favorisait la croissance des tumeurs. Tout
particulièrement, ce soutien a largement
contribué au développement de nos travaux sur le
gène TIF1γ (Transcriptional Intermediary Factor
1 gamma), un inhibiteur du TGFβ. Nous avons
démontré en 2009 (Vincent et al, 2009, PLoS
Genetics) que ce gène avait des fonctions
protectrices (gène suppresseur de tumeur) contre
le cancer du pancréas, notamment en ralentissant
la croissance des tumeurs chez la souris. Cette
fonction protectrice a ensuite été démontrée par
d’autres équipes dans d’autres types de cancers
(foie et leucémies), indiquant que l’importance
de ce gène ne se « limite » pas au cancer du
pancréas. Tout dernièrement, grâce au soutien
financier de 2012 de la Ligue contre le cancer,
nous avons publié une nouvelle étude qui a
montré que Tif1 exerçait ses fonctions
protectrices par deux mécanismes
distincts (Vincent et al, 2012, Am. J. Pathol.).
Comme attendu, l’un dépend de sa capacité à
inhiber les effets pro-tumoraux du TGF. De
manière plus inattendue, nous avons aussi montré
que la fonction protectrice de Tif1 dépendait
de mécanismes totalement indépendants du TGFCette
observation ouvre des perspectives de recherche
très intéressantes car la caractérisation de ces
mécanismes, qui pour l’instant sont inconnus.
Cela pourrait permettre de mettre à jour de
nouvelles causes de l’agressivité du cancer du
pancréas, de mieux comprendre pourquoi le cancer
du pancréas est aussi résistant aux
thérapeutiques actuelles et, le cas échéant, de
proposer et tester de nouvelles approches
thérapeutiques. Nous allons donc concentrer une
partie de nos travaux de recherche au cours des
années à venir, sur cet aspect afin de
poursuivre ces résultats prometteurs que nous
avons obtenu notamment grâce au soutien du
comité de l’Ain de la Ligue contre le cancer.
Léon S,
Iovanna JL, Dubus P, Garcia S, Puisieux A,
Rimokh R, Bardeesy N, Scoazec JY, Losson R,
Bartholin L. Inactivation of Tif1gamma
Cooperates with KrasG12D to Induce Cystic Tumors
of the Pancreas. PLos Genetics
Jul;5(7):e1000575., 2009
Vincent
DF, Gout J, Chuvin N, Arfi V, Pommier R,
Bertolino P, Jonckheere N, Ripoche D, Kaniewski
B, Martel S, Janier M, Van Seuningen I, Valcourt
U, Treilleux I, Dubus P, Bardeesy N, Bartholin,
L. Tif1g Suppresses Murine Pancreatic Tumoral
Transformation by a Smad4-Independent Pathway.
Am. J. Pathol. Jun;180(6):2214-21. Epub
2012 Mar 3, 2012
Laurent
BARTHOLIN Prix "Jeune Chercheur"
2010, 2011, 2012
(Octobre 2012)
Projet :
Etude du facteur de croissance
TGFβ dans le cancer du pancréas
Le cancer du pancréas est une tumeur extrêmement
agressive qui représente la cinquième cause de
mortalité par cancer.
Ce mauvais pronostic résulte d’un diagnostic
tardif et d’un manque d’efficacité des
thérapeutiques actuelles (chimiothérapie,
radiothérapie et chirurgie).
Il est donc crucial de mieux comprendre le
développement des tumeurs du pancréas afin de
pouvoir identifier, dans les années à venir, des
marqueurs précoces de la maladie et proposer de
nouvelles approches thérapeutiques.
Dans ce contexte, notre équipe s’intéresse à un
facteur de croissance appelé TGFβ (Transforming Growth Factor
Beta), dont les fonctions sont altérées dans les
cancers pancréatiques. A l’origine, le TGFβ est
une protéine sécrétée par l’organisme, qui joue
un rôle très important tout au long de la vie,
de l'embryon jusque chez l'adulte. Par exemple,
le TGFβ est impliqué au niveau de
l’inflammation, la cicatrisation, la
multiplication et la fonction des cellules.
Le TGFβ exerce également une action de toute
première importance en empêchant la
multiplication des cellules. Tous ces effets
sont donc bénéfiques pour l’organisme, en
empêchant notamment la transformation
de cellules saines en cellules tumorales. Dans
le cancer du pancréas (comme dans la majorité
des cancers), le TGFβ perd ses effets
protecteurs et acquiert même des propriétés
oncogéniques, c’est-à-dire qui favorisent le
développement du cancer. En effet, dans les
cancers, le TGFβ inactive le système
immunitaire, stimule la migration des cellules
cancéreuses ou encore active la formation des
vaisseaux sanguins qui « nourrissent » la
tumeur.
Nos travaux visent à comprendre comment le TGFβ
peut jouer ce « double rôle » pour
éventuellement proposer de nouveaux traitements
anti-cancéreux ciblant les effets néfastes du
TGFβ tout en préservant ou restaurant ses effets
protecteurs.
Stéphanie
COURTOIS-COX
Centre Léon Bérard Lyon
(janvier 2012) Projet : Processus de transition
épithélio-mésenchymateuse et transformation
maligne dans le cancer du sein.
Equipe : Echappement tumoral et plasticité
cellulaire (co-direction A. Puisieux/S. Ansieau).
Institut : CRCL (Centre de Recherche en
Cancérologie de Lyon)/Centre Léon Bérard.
L’objectif principal du groupe co-dirigé par
Alain Puisieux et Stéphane Ansieau est de
comprendre quels pourraient être les acteurs ou
les conditions qui participent et favorisent la
transition de cellules normales en cellules
cancéreuses, et ainsi développer de nouvelles
stratégies pour bloquer ou reverser ce
phénomène. Plus précisément, la thématique de
recherche développée au sein du groupe est axée
sur l’étude du rôle joué par des protéines
embryonnaires au cours du processus tumoral
mammaire. Ces protéines jouent un rôle majeur au
cours du développement embryonnaire. Ils
permettent aux cellules de changer de forme en
réalisant une transition appelée EMT (transition
épithélio-mésenchymateuse). A l’issue de ce
processus, les cellules perdent leur capacité à
former des interactions cellule-cellule,
s’individualisent (s’isolent) et acquièrent un
certain nombre de propriétés qui leur permettent
de migrer et envahir le tissu adjacent. Au cours
du développement, ce processus normal permet aux
cellules de migrer et de s’organiser pour former
les organes de l’embryon. De façon étonnante, il
a été observé que des cellules cancéreuses
humaines expriment à nouveau ces protéines
embryonnaires ce qui leur confère des propriétés
de migration nécessaires pour initier le
processus métastatique (envahissement d’un autre
organe par des cellules cancéreuses). Le
processus d’EMT a longtemps été associé à la
migration et par conséquent à un évènement
tardif dans le développement tumoral, mais les
récentes observations du laboratoire ont permis
de remettre en question ce concept et de
proposer un nouveau modèle de travail. Une étude
réalisée sur l’expression des protéines
embryonnaires twist1 et twist2 dans des cellules
épithéliales mammaires a permis de démontrer la
dualité fonctionnelle de ces protéines, car leur
expression permet d’induire de façon
concomitante une EMT (changement de forme), mais
aussi de bloquer les mécanismes de sauvegarde,
ou « freins de sécurité » de la cellule. Au-delà
de leur implication dans les phases tardives de
la tumorigénèse, l’expression des protéines
embryonnaires pourrait participer à des phases
très précoces dans la progression tumorale, et
certaines propriétés métastatiques pourraient
ainsi être acquises bien plus tôt qu’on ne le
pensait auparavant.
Le
projet soutenu par le Comité de l’Ain de la
Ligue Contre le Cancer a pour objectif de
répondre à deux questions :
1) Est-ce que les protéines embryonnaires
coopèrent entre elles au cours du processus de
transformation maligne mammaire ?
2) Existe-il des associations spécifiques
entre des protéines embryonnaires et des
altérations (ou mutations) fréquemment observées
dans les tumeurs du sein.
L’objectif à terme est d’examiner la possibilité
d’addiction conjointe (ou de dépendance) d’une
cellule cancéreuse à une altération (ou
mutation) et une protéine embryonnaire donnée.
Comme mentionné plus haut, l’EMT joue un rôle
majeur à différents niveaux de la progression
tumorale, à savoir l’initiation de la
transformation, le développement de la tumeur
primaire et la dissémination métastatique.
L’inhibition de ces protéines embryonnaires
présente un intérêt majeur car ils ouvrent des
perspectives thérapeutiques nouvelles pour
cibler simultanément les cellules transformées
et les métastases.
Professeur
Jean Yves BLAY: Projet : Facteurs prédictifs et mécanismes moléculaires
de l'activité anti tumorale de -2-Imatinib pour
le traitement des fibromatoses agressives
30 000 euros Depuis plus de quinze ans, le
professeur Jean-Yves Blay s’intéresse de près à
la dimension immunologique des cancers et étudie
en particulier les rapports entre le
micro-environnement tumoral et les cellules
malignes. Il poursuit aujourd’hui ses activités
de recherche dans le domaine de l’angiogenèse,
en parallèle à une activité clinique de
cancérologue. Bibliographie
Docteur
Véronique MAGUER-SATTA Projet : Rôle des cellules souches mammaires et cancer du sein :
Implication dans la chimiorésistance et la
rechute. 115 381 euros
(conjointement avec le Pf Emmanuel DELAY
Les cellules souches sont des cellules capables
d’assurer la régénération des différents tissus
de l’organisme tout au long de la vie d’un
individu.
Ces cellules sont rares et naturellement
localisées dans un environnement particulier
(parfois appelé « niches ») où elles
interagissent avec les cellules environnantes.
Ces interactions contrôlent le processus de
fabrication des cellules matures et maintiennent
au repos les cellules souches permettant ainsi
de disposer à tout moment d’un pool de cellules
souches qui pourront être mobilisées pour se
différencier en fonctions des besoins de
l’organisme.
Dans différents types de cancers, comme le
cancer du sein, il existe une population
cellulaire à l’origine des mécanismes de rechute
de la maladie plusieurs années après la fin des
traitements initiaux, caractérisée par des
propriétés de cellules souches et une
chimiorésistance unique dont le mécanisme est
inconnu. L’existence démontrée (cancer cérébral,
leucémies, cancer du sein …) de cellules souches
cancéreuses prédit que si l’éradication des
cellules cancéreuses “ banales ” induit une
rémission, seule la destruction des cellules
souches cancéreuses conduirait à une guérison.
En effet, de façon naturelle ces cellules
présentent une résistance accrue aux drogues
conventionnelles.
Dès 1988 l’existence d’une cellule souche dans
la glande mammaire adulte a été soupçonnée par
la découverte de la reconstitution d’une glande
mammaire fonctionnelle chez un animal receveur à
partir d’un fragment de tissu d’un donneur.
Plus récemment (2003) des cellules souches
cancéreuses ont été identifiées qui pourraient
être à l’origine de tumeurs mammaires. C’est en
2006 que la preuve formelle de l'existence d'une
cellule souche mammaire a été apportée chez la
souris puis chez l'homme.
Notre projet consiste, à modifier l’expression
de gènes impliqués dans l’initiation du cancer
dans des cellules souches mammaires humaines
normales que nous avons identifiées et isolées
et d’en évaluer les conséquences à la fois sur
le comportement des cellules souches et sur leur
relation avec leur environnement. Nous
analyserons ainsi le rôle de ces cellules
souches mammaires cancéreuses dans l’émergence
et le maintien de cellules résistantes. Pour
cela au cours des deux premières années de ce
projet nous avons développé les outils et
techniques nécessaires à cette étude. Nous
allons maintenant transformer les cellules que
nous avons caractérisées et étudier leur réponse
à différents traitements. Nous établirons un
profil comparatif entre les cellules transformés
ou non (résistantes ou non) et identifier
potentiellement de nouveaux facteurs prédictifs
de la réponse d’un patient aux traitements.
Enjeux : Les résultats obtenus permettront
d’établir un profil comparatif entre les
échantillons normaux ou transformés (résistants
ou non) et d’identifier potentiellement de
nouveaux facteurs prédictifs de la réponse des
patients aux traitements. De façon plus globale,
cette approche permettra de développer un/des
modèle(s) pour étudier le mécanisme par lequel
se constitue un réservoir de cellules souches
cancéreuses à l'origine de la chimiorésistance
et de la rechute dans des cancers épithéliaux.
En particulier, ces nouveaux modèles
permettraient de tester de nouvelles approches
pour cibler spécifiquement l’éradication des
cellules souches chimiorésistances localisées
dans leur environnement et permettre ainsi de
développer une stratégie thérapeutique
spécifique de la cellule souche tumorale.
Madame Vérionique MAGUER-SATTA est chercheur au
CNRS et à l'INSERM, attachée au Centre Léon
Bérard.
Professeur
Emmanuel DELAY: Projet :
Cellules souches mammaires et cancer du sein… 115 381
euros (conjointement avec le Dr MAGUER-SATTA)
Le Docteur Emmanuel DELAY a été formé
en France (Ancien Interne des Hôpitaux de Lyon,
ancien Chef de Clinique Assistant des Hôpitaux
de Lyon) , à Bruxelles ( service Pr M LEJOUR),
et aux ETATS UNIS, notamment à l’Emory
University d’Atlanta ( Pr J. BOSTWICK, Pr F
NAHAI ).
Chirurgien spécialiste en Chirurgie Plastique
Reconstructrice et Esthétique, il est membre de
la Société Française de Chirurgie Plastique,
Reconstructrice et Esthétique, et de la Société
Américaine de Chirurgie Plastique ( Américan
Society of Plastic Surgeons).
Auteur d’une centaine de publications
scientifiques, articles scientifiques, livres ou
chapitres de livres, et co-auteur du rapport de
la Société Française consacré aux prothèses
mammaires, il donne régulièrement des
conférences dans les congrès nationaux et
internationaux ( 400 communications nationales
et internationales).
Le Docteur Emmanuel DELAY partage son activité
entre la Chirurgie reconstructrice hospitalière
(Centre Léon Bérard, Lyon), l’enseignement
(Université Lyon I) et la recherche (Unité
groupe de recherche sur les cellules souches,
affilié à l'U590); et son activité libérale,
plutôt dédiée à la Chirurgie Plastique et
Esthétique. Article reconstruction sein/cancer
Docteur Isabelle RAY
COQUARD: Projet : Prise en charge des
cancers oto-rhino-laryngologiques: impact de
l'activation d'un référentiel et délai de
transfert des conclusions d'un essai
thérapeutique de chimiothérapie.
43 500
euros
Projet "Cancers et
adolescence" 5 000
euros - Docteur en
médecine spécialité oncologie médicale 1996
- Docteur en Science 2003
Pôles d’intérêts médicaux :
- Cancers gynécologiques (ovaire, endomètre,
tumeurs rares)
- Cancer du sein
- Sarcomes
- Facteurs déterminants les pratiques médicales
et évaluation des pratiques médicales Bibliographie
Professeur
Eric WATTEL: Projet : "Cible thérapeutique des cancers: régulateurs
moléculaires du promoteur de la télomérase
humaines impliqués dans la transformation
maligne. Mesures quantitatives de l'expression
de 120 gènes candidats pour le ciblage
thérapeutique des leucémies" 25 000 euros
Médecin des Hospices Civils de LYON
Service d'Hématologie Hôpital Édouard
Herriot
Unité d'Oncogenèse Virale au Centre Léon
Bérard Bibliographie
Professeur
Alain PUISIEUX: Projet : "Caractérisation moléculaire des cancers du sein
et neuroblastomes" 50 000 euros
Projet Mutacancer : A la recherche de nouveaux
gènes du cancer.
Les cancers sont des pathologies caractérisées
par le développement et la multiplication
anarchique de cellules anormales au sein d’un
tissu ou d’un organe. Au cours de ces 20
dernières années, des progrès considérables ont
été réalisés permettant de mieux comprendre les
mécanismes impliqués dans la genèse d’une
tumeur. Il s’agit d’un processus complexe qui
repose essentiellement sur une accumulation
progressive d’anomalies affectant l’ADN,
molécule constituante de notre patrimoine
génétique (« génome »). Certaines de ces
anomalies, ou mutations génétiques, vont altérer
des gènes dont les produits sont impliqués dans
le contrôle de la division ou de la survie
cellulaire, donnant ainsi un avantage de
croissance aux cellules affectées qui vont alors
proliférer de façon anormale. La caractérisation
de ces mutations et des gènes dérégulés
constitue donc un objectif essentiel pour mettre
à jour de façon précise les mécanismes
conduisant à la transformation maligne d’une
cellule. Au-delà de cette simple compréhension
mécanistique, la connaissance de ces mutations
permet également de mieux caractériser le
comportement d’une tumeur donnée (agressivité,
risque de dissémination métastatique, réponse
aux traitements…) permettant ainsi de disposer
de nouveaux outils cliniques utiles pour établir
le diagnostic et le pronostic de la maladie.
Enfin, l’identification des anomalies causales
d’une pathologie tumorale permet de
conceptualiser de nouvelles molécules
anti-cancéreuses dirigées spécifiquement contre
les cellules malignes. Cette nouvelle stratégie
thérapeutique appelée « thérapeutiques ciblées »
a d’ores et déjà démontré son efficacité dans le
traitement de différents types de cancers.
Le programme de recherche « Mutacancer »,
fortement soutenu par le Comité de la Ligue de
l’Ain depuis deux ans, vise à rechercher de
manière systématique des mutations génétiques
dans les cellules cancéreuses. Ce programme,
développé au sein du Laboratoire de Recherche
Translationnelle du Centre Léon Bérard, a pour
principal objectif d’identifier des anomalies
récurrentes dans les cancers non familiaux du
sein, du colon ainsi que dans des tumeurs
pédiatriques: les neuroblastomes. Cette étude
est basée sur les données actuelles de la
littérature scientifique et consiste en une
analyse de gènes connus pour jouer un rôle
important dans le développement tumoral ou
présentant une fonction majeure dans le contrôle
de la prolifération et de la survie cellulaire.
L’étude de ces gènes est réalisée dans un
premier temps sur l’ADN extrait de modèles
cellulaires établis à partir de tissus tumoraux.
Des régions spécifiques de l’ADN (les gènes
sélectionnés) sont ensuite amplifiées puis
analysées par séquençage, qui correspond à une
lecture des éléments de base constituants l’ADN.
La comparaison des séquences obtenues à une
séquence de référence permet d’identifier des
anomalies génétiques (voir schéma).
Actuellement, le séquençage de plus de 80 gènes
a été réalisé. Vingt-deux gènes affectés par une
anomalie ont été identifiés. Les travaux en
cours ont pour objectif de déterminer la
fréquence exacte et les conséquences biologiques
de ces anomalies dans les différents types de
cancers étudiés. L’ensemble des résultats
obtenus devrait apporter des réponses
importantes concernant les mécanismes impliqués
dans la progression tumorale et aider à
développer de nouveaux outils cliniques afin
d’améliorer la prise en charge des patients. Bibliographie
Docteur
Patrick MELHEN: Projet : Apoptose, Cancer et Développement 6 000 euros Prix principal de la Fondation
Schlumberger en 2002, Prix Européen Jeanne
Loubaresse-Institut Curie en 2004, Prix
Eurocancer et Médaille d’argent du CNRS en 2006,
Prix Oberling en 2007… les récompenses pleuvent
sur les travaux de recherche en cancérologie de
Patrick Mehlen.
Parmi les premiers à avoir démontré
l’implication des protéines du stress dans la
mort cellulaire, le thème même de sa thèse
soutenue en 1995, Patrick Mehlen n’a cessé
depuis de s’intéresser au phénomène d’apoptose.
Entré au CNRS dès 1996 pour poursuivre ses
travaux sur cette thématique, il dirige
désormais le laboratoire «Apoptose, Cancer et
Développement» installé au sein du Centre de
lutte contre le cancer Léon Bérard (CLB). Unité
mixte de recherche du CLB, du CNRS et de
l’Université Claude Bernard Lyon 1, le
laboratoire reste à la pointe de la recherche
sur le rôle des récepteurs à dépendance dans la
mort cellulaire. Bibliographie
Professeur
Gilles FREYER : Projet : "Ciblage thérapeutique en Oncologie Modélisation
de l'effet des agents anti-cancéreux" = 70.000
euros
financement complémentaire ( CCD Ingénieur) 30 000 euros
Extraits de "FAIRE FACE AU CANCER,
l'espoir au quotidien"
Professeur Gilles FREYER. Éditions Odile Jacob.
Mars 2008LES NOUVELLES THERAPEUTIQUES : LES
RAISONS D'Y CROIRE
A la fin des années 1990, les
cancérologues ont du prendre conscience qu'en
dépit de leurs efforts, la chimiothérapie avait
atteint ses limites et que le cancer n'était pas
encore vaincu.
Il fallait donc trouver d'autres moyens
d'empêcher la prolifération des cellules
cancéreuses.
Ces nouveaux moyens vont venir de la biologie
moléculaire. Cette science du vivant s'attache à
comprendre la machinerie cellulaire, d'une
effroyable complexité, à fortiori lorsque la
cellule est cancéreuse, et qu'elle obéit à
toutes sortes de messages pouvant se résumer en
un seul : "multiplie-toi et prolifère".
Schématiquement, il y a deux mécanismes cruciaux
impliqués dans le développement des tumeurs, sur
lesquels se concentrent les recherches actuelles
: la prolifération cellulaire et l'angiogenèse.
La prolifération cellulaire s'opère à partir de
récepteurs situés à la surface des cellules
cancéreuses, qui captent certaines substances
circulantes, un peu selon le principe de la clé
s'introduisant dans une serrure. Les récepteurs
ainsi activés vont transmettre à l'intérieur de
la cellule des signaux de prolifération. Il est
possible de bloquer certains de ces récepteurs,
par exemple à l'aide d'anticorps spécifiques.
C'est ainsi que des médicaments majeurs ont pu
être récemment mis au point et utilisés dans
certaines formes de cancer du sein et de cancer
du colon. Associés aux chimiothérapies
habituellement utilisées pour traiter ces
maladies, ils en augmentent de façon très
significative leur efficacité.
Outre les anticorps, certains médicaments
agissent en aval des récepteurs de surface,
c'est-à-dire à l'intérieur de la cellule, à
certaines étapes du processus de diffusion du
signal de prolifération.
L'angiogenèse caractérise la production de
vaisseaux sanguins au bénéfice de la tumeur. Les
cellules cancéreuses, en effet, fabriquent
toutes sortes de substances qui vont détourner à
leur profit les vaisseaux sanguins de l'organe
où elles se développent, afin d'assurer leur
alimentation en oxygène. Ce mécanisme est commun
à la plupart des cancers. Des médicaments qui
pourraient s'opposer à lui trouveraient des
applications dans de nombreuses tumeurs. Grâce à
la biologie moléculaire, on a pu identifier
certains de ces facteurs angiogéniques fabriqués
par les tumeurs, comme le VEGF (Vascular
Endothelial Growth Factor ou facteur de
croissance des épithéliums vasculaires,
c'est-à-dire des cellules qui tapissent
l'intérieur des vaisseaux sanguins et permettent
leur croissance). Il a été possible de fabriquer
et de commercialiser un anticorps anti-VEGF. Cet
anticorps se lie au VEGF dans la circulation et
empêche son action, diminuant ainsi la richesse
des tumeurs en vaisseaux sanguins. Ce médicament
a démontré son utilité dans le traitement des
tumeurs métastatiques du côlon, du rein, du
poumon et du sein.Il peut être utilisé seul ou
en association à la chimiothérapie.
D'autres médicaments sont encore plus séduisants
car ils combinent un effet antiprolifération
cellulaire et un effet antiangiogénique,
agissant simultanément sur plusieurs cibles et
offrant, en théorie, un maximum de chances
d'efficacité.
Il ne s'agit là que de quelques exemples de la
véritable révolution thérapeutique que nous
sommes en train de vivre.
Les années à venir vont permettre aux chercheurs
de mieux définir les conditions optimales
d'utilisation de ces nouveaux médicaments.
Parallèlement nous serons de plus en plus
souvent capables de proposer des traitements
individualisés, "à la carte", grâce aux
techniques de cartographie des tumeurs, qui
fournissent une "carte d'identité génétique" du
cancer et offrira sans doute la possibilité de
prédire l'efficacité de tel ou tel traitement
ainsi adapté à chaque individu et au cancer dont
il souffre.
Certains de ces progrès sont déjà tangibles.
D'autres sont en gestation à l'horizon de
quelques années ou décennies.
Professeur
Claire RODRIGUEZ LAFRASSE
: Projet : "Radiosensibilisation tumorale : approche
moléculaire et thérapeutique" 25.000 euros bibliographie
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